Que sont les PFAS ?
Le terme PFAS est un acronyme anglais pour Substances Per- et polyFluoroAlkyles. Il s’agit d’une famille de substances chimiques très nombreuses : le dossier de restriction REACh évoque plus de 10 000 substances appartenant à cette famille. Définition Il existe plusieurs définitions coexistantes. Dans l’Union Européenne, et en France, c’est la définition suivante qui prédomine lorsqu’on parle des PFAS : Un PFAS est une substance chimique qui dans sa formule contient une fraction –(CF2)- ou -(CF3), dont l’atome de carbone n’est pas lié à un atome de H/Cl/Br/I. Cette définition se base uniquement sur la formule chimique des molécules, et pas sur leurs utilisations, leurs effets sur la santé ou sur leurs propriétés. On compte parmi ces substances autant des liquides, des solides que des gaz. Ainsi les substances suivantes appartiennent à la famille des PFAS :
Utilisations
Les PFAS sont très utilisés autant pour des applications du quotidien que pour des applications très techniques, du fait de leurs propriétés. Ainsi, on peut les retrouver :
- Dans les ustensiles de cuisines antiadhésifs ; le revêtement est généralement un plastique fluorés comme le Téflon (ou PTFE)
- Dans les emballages de restauration rapide ; ils sont utilisés comme traitement imperméabilisant anti-graisse et hydrophobes
- Pesticides : certains produits phytosanitaires sont des PFAS, qui peuvent se dégrader pour donner des PFAS à chaînes très courtes et très mobile dans l’environnement
- Mousses anti-incendies ; les mousses anti-incendies pour les feux de type B sont fluorées, les PFAS vont former un film à la surface des liquide en feu qui empêche l’alimentation en oxygène
- Dans les textiles : en particulier dans les vêtements, textiles et tissus imperméables, où un traitement au PFAS, voire des plastiques fluorés, peuvent être utilisés.
- Chauffage, ventilation et climatisation : les gaz fluorés sont principalement utilisés pour ces applications, par exemple dans les climatisations automobiles.
Les applications des PFAS sont extrêmement nombreuses et ne peuvent être toutes détaillées ici.
Émissions et expositions
Les sources de PFAS sont multiples et participent à l’exposition générale de la population. L’identification précise des sites les plus émetteurs et des sources majeurs de PFAS dans l’environnement est encore en cours. Parmi les sources d’émissions, on peut cependant citer : L’utilisation de mousse anti-incendies lors d’entraînement, d’exercices ou en conditions réelles Selon l’EFSA, les principales voies d’expositions aux PFAS sont l’alimentation, l’eau potable ainsi que l’air intérieur et extérieur, notamment via les poussières contaminées. Parmi les aliments, les données disponibles pointent vers les produits de la mer, les œufs ainsi que les viandes.
Risque pour la santé
Les expositions aux PFAS s’accompagnent d’effets graves sur la santé. Les PFAS sont des poison multi-organes c’est à dire qu’ils peuvent atteindre les différents organes et grand systèmes du corps humain: système métabolique, cardiovasculaire, reproductif (diminution de la fertilité, poids réduits chez les nourrissons), immunitaire (baisse de la réponse vaccinale). Certains sont connus pour être cancérogènes (le PFOA est classé cancérogène avéré pour l’homme par le centre international de recherche contre le cancer – CIRC). Les PFAS peuvent notamment causer :
- Une baisse de la fertilité et une augmentation de la pression artérielle chez les femmes enceintes.
- Des retards de développement chez les enfants, tel qu’un poids réduit à la naissance.
- Une augmentation du risque de cancer, notamment de cancer de la prostate, des reins ou des testicules.
- Une diminution de la réponse immunitaire, une diminution de la réponse vaccinale.
- Une augmentation du cholestérol et un risque accru d’obésité.
Ces effets, couplés à la quasi omniprésence des PFAS dans notre environnement, font des PFAS une préoccupation majeure de santé environnementale. Ainsi, selon une étude de Santé Publique France réalisée entre 2014 et 2016 indique que des PFAS ont été identifiés dans le sang de 100 des Français testés. Liens Utiles :
- 🌎 Générations Futures – Flyer – Luttons contre les PFAS
- 🌎 anses.fr – PFAS : des substances chimiques très persistantes
Est-ce que mon eau potable est polluée ?
Contexte
Les PFAS sont une famille de substances chimiques très nombreuses (plus de 10 000 selon le dossier de restriction de l’ECHA) et persistantes. Ces substances sont utilisées pour leurs propriétés hydrophobes, oléophobes, résistance à la chaleur, à la friction ainsi que pour leurs propriétés tensioactives. Les sources d’émissions des PFAS sont multiples ; il peut s’agir de sites industriels producteurs ou utilisateurs de PFAS, produits phytosanitaires PFAS, mousse anti-incendies utilisant des émulseurs fluorés, sites d’incinération etc. Du fait de leur grande persistance et des nombreuses sources d’émissions, ces “polluants éternels” sont retrouvés presque partout, et en particulier dans les eaux de surface, eaux souterraines mais également dans l’eau potable.
Comment avoir accès à l’information ?
Pour les particuliers, il peut être difficile d’avoir accès à l’information. Certaines ARS ont déjà lancé des campagnes de mesure dans l’eau potable. Cependant les résultats ne sont pas toujours disponibles dans leur intégralité. Généralement, les analyses réalisées portent sur les 20 PFAS listés plus haut, présents dans la directive cadre sur l’eau à destination de la consommation humaine. Il peut donc arriver que des analyses n’incluent pas des PFAS pourtant pertinent à analyser comme le TFA, déjà identifié dans plusieurs eaux potables. Les résultats des contrôles sanitaires sur l’eau potable sont disponibles sur le site eau potable. Comme les PFAS ne font pas encore partie du suivi obligatoire, il n’y pas nécessairement de résultats disponibles pour tous les points de captage, en particulier du fait que les PFAS ne seront à suivre de manière systématique qu’à partir de janvier 2026. Dans le cas où aucune analyse concernant les PFAS n’est disponible sur le site eau potable, il est possible de contacter l’Autorité Régionale de Santé de votre région ou bien au maire de votre commune, responsable de la qualité de l’eau potable.
Il y a des PFAS dans mon eau potable, quelles normes existent ?
En France
Actuellement, une directive européenne réglemente la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Le suivi de certains PFAS y est intégré, mais seulement à partir de janvier 2026. Cette directive prévoit une liste 20 PFAS à suivre dans l’eau potable :
- Acide perfluorobutanoïque (PFBA)
- Acide perfluoropentanoïque (PFPeA)
- Acide perfluorohexanoïque (PFHxA)
- Acide perfluoroheptanoïque (PFHpA)
- Acide perfluoroctanoïque (PFOA)
- Acide perfluorononanoïque (PFNA)
- Acide perfluorodécanoïque (PFDA)
- Acide perfluoroundécanoïque (PFUnDA)
- Acide perfluorododécanoïque (PFDoDA)
- Acide perfluorotridécanoïque (PFTrDA)
- Acide perfluorobutanesulfonique (PFBS)
- Acide perfluoropentanesulfonique (PFPeS)
- Acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS)
- Acide perfluoroheptane sulfonique (PFHpS)
- Acide perfluorooctane sulfonique (PFOS)
- Acide perfluorononane sulfonique (PFNS)
- Acide perfluorodécane sulfonique (PFDS)
- Acide perfluoroundécane sulfonique
- Acide perfluorododécane sulfonique
- Acide perfluorotridécane sulfonique
En France, il faudra à partir de janvier 2026 que la somme des concentrations de ces 20 PFAS soit inférieure à 0,1 μg/l, soit 100ng/l. De plus, il faut que la concentration totale en PFAS soit inférieure à 0,5 μg/l, soit 500 ng/l. Ce second paramètre englobe l’ensemble des PFAS, et pas seulement les 20 cités ci-dessus. Il s’agit en France pour le moment de la seule norme nationale sur les PFAS dans l’eau potable, qui sera applicable à partir de janvier 2026. Le Haut Conseil à la Santé Publique a publié en décembre 2024 un avis recommandant entre autre d’utiliser une valeur de gestion de 20 ng/l pour la somme des concentrations du PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS, en plus de la norme de 100 ng/l pour les 20 PFAS. Il existe cependant d’autres valeurs auxquelles comparer des résultats d’analyses. En particulier pour le TFA, il n’existe pas de valeur sanitaire en France, il faut donc se référer à des travaux fait pas d’autres pays. Autres normes Au niveau Européen, certains pays ont mis en place des valeurs limites sans attendre janvier 2024. En particulier, l’EFSA a établi une dose hebdomadaire tolérable de 4,4ng/kg pour la somme de 4 PFAS : PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS. C’est notamment en se basant sur cette dose que certains pays ont établis des valeurs sanitaires supplémentaires. Au Danemark, en plus des seuils européen, la somme des concentrations pour le PFOA, PFOS, le PFNA et le PFHxS ne doit pas être supérieure à 2 ng/l. Pour le gouvernement Flamands de Belgique ainsi que pour la Suède, la somme de ces 4 PFAS ne doit pas dépasser 4 ng/l. Aux États-Unis, une limite de 4 ng/l a été fixée pour les concentrations de PFOA et de PFOS dans l’eau potable, tandis qu’une limite de 10 ng/l maximum pour le PFNA, PFHxS et le GenX.
Cas du TFA
Le TFA est un PFAS à chaîne très courte, qui est extrêmement mobile et ne se dégrade pas dans l’environnement. S’il existe peu d’études toxicologiques disponibles, les données pointent vers une toxicité chronique et une toxicité pour la reproduction. L’Allemagne a d’ailleurs déposé une demande pour le classer en tant que reprotoxique 1B. Le TFA est par ailleurs retrouvé de manière presque systématique dans les analyses lorsqu’il est recherché. Il n’existe cependant pas de valeur sanitaire ou de valeur de gestion en France, ce qui représente un grave manque et conduit régulièrement les autorités à ne pas rechercher le TFA dans leurs analyses. D’autres pays ont cependant mis en place des valeurs sanitaires indicatives afin de pouvoir gérer le TFA retrouvé dans l’eau potable :
- En Allemagne, une valeur sanitaire de 60 µg/L a été fixée par l’UBA, mais souligne explicitement la nécessité de viser une concentration en TFA inférieure à 10 µg/L.
- Aux Pays-Bas, le RIVM a fixé une limite bien plus faible de 2,2 µg/L pour le TFA dans l’eau potable.
- En Belgique, les Flandres ont établi une valeur pour le TFA dans l’eau potable de 15,6 µg/L.
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